Pierre (Louis Elie) Chièze est né le 27 août 1929 à Talence près Bordeaux. Son père était argentacois, et sa mère venait du Périgord.
Dès son enfance, il fait preuve d'un don particulier pour les Arts Graphiques. Il réalise lui-même de petites figurines de plomb qu'il peint avec soin. Ses cahiers de classe sont illustrés de personnages de toute sorte, de paysages et d'animaux. Après son Bac, il s'inscrit au Concours d'entrée aux Métiers d'Arts le 10 octobre 1949 à Paris. Il est reçu second sur 75 candidats.
Durant cette formation, il se lie d'amitié avec plusieurs futurs artistes de sa promotion. Il sort major des Métiers d'Arts le 15 juillet 1952. Il est l'élève de deux grands Maitres : Humblot et Aujame.
De 1953 à 1955, il est mobilisé. Une fois libéré, il participe avec succès à de nombreuses expositions de groupe. Il devient Sociétaire de la "Jeune Peinture" et du Salon d'Automne. Il est également invité aux Salons de Mai, à Comparaisons, aux Jeunes et Grands d'Aujourd'hui, aux "Peintres Témoins de leur Temps" et à "Dessin et peinture à l'eau".
Son premier emploi rémunéré fut un travail de fresques et de décoration pour les Messageries Maritimes. A cette époque, son atelier était situé dans le 19° arrondissement de Paris. Durant ses vacances, il revenait à Argentat sur Dordogne, où il avait son "atelier d'été". Il obtient le Prix Morrelet en 1955. Il est également cité pour le Prix de la Critique 1955. Rapidement, ses toiles sont achetées par l'Etat, et par la Ville de Paris, et sont exposées dans les Musées de Peinture Moderne.
Durant la décennie 55-65, il vend plus de 200 toiles à l'international. On les voit dans les musées en Belgique, Hollande, Angleterre, Iran, Lybie, Italie, aux USA et au Japon. Il travaille également pour la Défense Nationale (camouflages, uniformes, insignes) et en Esthétique Industrielle pour la société Grammont (gamme de transistors). Il participe à de nombreuses expositions de groupe dans différentes galeries parisiennes et étrangères (G. Claude (54), Charpentier (55 et 57), Drouant-David (55), Montmorency (55-58, 60 et 61), Framond (55- 56), au Festival de Vichy (57), G. Romanet (62), à Toulouse (64), G. London, Guénégaud, Degroote). Il expose à l'étranger : Bruxelles (56), ses "Baigneuses" sont un vrai succès à Tokyo (57), Namur (59), Munich (60), Detroit (64), Cortina d'Ampezzo Italie (64). Il obtient un premier contrat en solo à la galerie Framond (56-57), puis à la galerie Romanet jusqu'en 1963.
En 1965, il obtient le 1° Prix du XI° Festival de Villeneuve sur Lot. Il s'agit là d'une première distinction nationale. En 1966, il participe à Toulouse à une exposition récapitulative des 12 Prix Villeneuve s/Lot. Durant la décennie 65-75, son style affirme son originalité et il devient un artiste connu du grand public. En particulier, ses bouquets de fleurs, ses nombreux tableaux sur le sport (Rugby, courses hippiques 1967), et surtout les oiseaux, sont très recherchés. Ses nus roses, aux membres filiformes, sont également très remarqués par la critique. On retrouve certaines de ses toiles dans les films de cette époque. Il fait également différents portraits d'hommes célèbres. En particulier, il produira une gouache pour le mariage de l'Aga Khan.
Le 24 novembre 1970, il présente une rétrospective de son œuvre à la Modern Art Gallery, avenue Louise à Bruxelles.
Son œuvre ne se limite pas à la peinture : il produit également de nombreuses sculptures en bronze (1970) et en acier, et parfois monumentales pour des sites publics. Il obtient en 1969 "l'Oscar de la Porcelaine et de la Création des Industries et Arts du Feu", pour une série de services en porcelaine de Limoges. Il décore la Bibliothèque Bourdain, l'habitation de la princesse Murat, la maquette de la piscine de Charles Aznavour, il décore le Cercle Hippique de Bièvres, et d'une fresque, l'école maternelle d'Ussel. Il décore d'une sculpture murale évoquant le Rugby le CES d'Argentat. Il aménage les bureaux du Reader Digest à Paris. A aucun moment de sa carrière, il n'a oublié ses racines corréziennes.
Durant des années, il a participé avec deux autres peintres originaires d'Argentat (Cueco, Féola), à des expositions annuelles dans la galerie municipale. Durant ses vacances, il parcourait sa région avec un chevalet pliant, réalisant sur le vif des esquisses, des croquis ou des tableaux de petit format représentant des masures corréziennes et des paysages. Certaines de ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous. Il répétait que "la Corrèze n'avait pas son égal dans les lumières dorées de l'automne".
Progressivement, son intérêt se porte sur la décoration intérieure, l'ameublement et surtout le Design, mouvement en plein développement dans les années 70.
En 1979, il commence une deuxième carrière : il entre au Ministère des Finances comme Décorateur Officiel. Puis il sera nommé Conservateur du Mobilier du Ministère. Il en établit un inventaire complet assorti d'une description historique et artistique remarquée. Il est consulté sur les mobiliers d'autres ministères.
Il est alors décoré de l'Ordre du Mérite pour ses contributions documentaires et artistiques.
Le 1°septembre 1989, il produit une exposition de ses œuvres à Genève. Peut-être la dernière ? Enfin, il est chargé de la gestion logistique du déménagement humain et matériel du Ministère des Finances du Louvre à Bercy "avec maintien des flux", tâche à laquelle il va se dévouer totalement durant de longs mois. Il sera décoré de la Légion d'Honneur à l'issue de ce transfert historique.
Quelques années plus tard, il prit une retraite méritée à La Borie d'Argentat sur Dordogne. Il se remet alors progressivement à peindre dans son atelier. Il produira également un conte illustré pour enfants, et son dernier tableau sera consacré à un oiseau qui avait niché dans un tilleul devant sa maison. Il décède à Brive en 2011 à l'âge de 82 ans.